Présages #49 - Myriam Bahaffou : écoféminismes révolutionnaires, pour de nouvelles perspectives écologiques

 

Myriam Bahaffou est chercheuse en philosophie féministe et militante. 

L’écoféminisme est en vogue depuis quelques années : sa médiatisation a permis de faire comprendre l’importance d’analyser ensemble les inégalités de genre et la destruction de l’environnement. Mais je vous avoue que ce mot écoféministe, ça fait un moment que je ne le supportais plus : son appropriation et sa récupération lui ont fait du mal, ont effacé son histoire, sa radicalité, son potentiel révolutionnaire, et son ancrage dans les marges. 

Le livre de Myriam, Des paillettes sur le compost, écoféminismes au quotidien, est une lecture indispensable : un manifeste qui bouscule, questionne, ouvre des perspectives. C’est un livre plein de joie et d’intelligence, à la fois très facile d’accès, riche et exigeant, qui défend des perspectives écoféministes ancrées dans les espaces de contestation et dans les luttes anticapitaliste, anticoloniales, antispécistes et queer. 

Myriam Bahaffou y raconte les écoféminismes à partir de son propre vécu. Elle ne cherche pas à répondre à la question : qu’est ce que l’écoféminisme ? Parce que les écoféminismes sont pluriels et mouvants : ce n’est pas une école de pensée, ni un mouvement unifié, ni une manière d’être ou un argument électoral. Ce n’est pas non plus - ou ça ne devrait pas être - un truc de femmes blanches privilégiées. 

Le livre met en lumière que les écoféminismes se vivent dans la chair et le corps. Ses analyses ancrées dans des récits quotidiens permettent de remettre de la complexité, de la subtilité, et de l’imperfection dans les perspectives écologiques, en étant plus honnête, en ne visant pas la pureté, en cherchant à ouvrir des espaces de négociation et de radicalité.
On en ressort avec peut-être encore plus de questions. Et une furieuse envie de lutter. 

Avec Myriam Bahaffou on a parlé des différents usages du terme écoféminisme, de la romantisation de l’austérité dans les milieux écolo, de pureté militante, du rapport à la beauté et à l'ultraféminité, de colère et de joie. 

Photo : © droits réservés Le Passager Clandestin